I. Le contexte : Hitman et l’évolution du jeu d’infiltration
Avant de parler reboot, petit flashback s’impose ! Hitman, c’est une licence culte qui a vu le jour en 2000 avec « Codename 47 ». On y incarnait pour la première fois l’Agent 47, tueur à gage implacable au crâne lisse comme un oeuf. Le principe ? Se fondre dans la masse, éliminer ses cibles discrètement et laisser planer le doute sur son passage.
Au fil des épisodes, la formule s’affine, et « Blood Money » débarque en 2006, considéré par beaucoup comme le pinacle de la série.
Mais voilà, l’industrie évolue, la HD débarque à grands coups de cinématiques spectaculaires et de gunfights survitaminés. En 2012, « Hitman: Absolution » tente de surfer sur cette vague en misant sur une approche plus action et scénarisée. Le résultat ? Un jeu sympa, mais qui divise les fans et perd un peu l’âme de la franchise.
Pour comprendre le génie du reboot, il faut aussi se rappeler le contexte du jeu d’infiltration au début des années 2000. « Metal Gear Solid » et « Splinter Cell » étaient les rois du genre, mettant l’accent sur l’immersion, la liberté d’approche et la créativité. Il fallait observer, planifier, et choisir son approche : furtivité absolue, ruse diabolique, ou force brute (mais chut, on est Hitman ou on ne l’est pas ?). C’est cette philosophie que le reboot va remettre au goût du jour, avec brio.
II. L’audace du reboot : Repenser Hitman en profondeur
Ok, maintenant, parlons du reboot et de son audace ! IOI a compris qu’il fallait revenir aux sources, tout en modernisant la formule. Et pour ça, quoi de mieux que de prendre l’exemple de Sapienza, le niveau iconique du jeu ?
Imagine : une station balnéaire italienne ensoleillée, des ruelles tortueuses, une villa luxueuse… et deux cibles à éliminer. Le niveau est un véritable terrain de jeu, bourré d’opportunités et d’approches différentes. Tu peux te la jouer infiltration pure en enfilant un costume de garde du corps, jouer les apprentis sorciers en trafiquant un bain de soleil, ou encore déclencher une réaction en chaîne improbable en trafiquant… un gobelet de golf.
C’est là que le concept des « Barks » entre en jeu. Imagine des conversations de PNJ qui te donnent des indices, des idées, des pistes à suivre… ou à ignorer royalement si t’as une meilleure idée derrière la tête. Ces « Barks« , combinés aux routines des PNJ et à la densité des niveaux, donnent vie au monde et le rendent incroyablement cohérent.
Le jeu te prend même par la main (subtilement, hein) avec des « opportunités » scénarisées. En gros, ce sont des mini-scénarios qui te guident vers une approche particulière. Un excellent moyen de te familiariser avec les mécaniques du jeu sans te brider pour autant.
Car une fois la carte assimilée, c’est toi le maître du jeu. Tu veux tenter un truc complètement fou ? Vas-y, fonce ! Le système de sauvegarde est ton meilleur ami, et le jeu t’encourage à expérimenter, à recommencer, à trouver l’approche la plus stylée, la plus improbable, la plus « Hitman » quoi !
III. Hitman : Un simulateur de meurtre systémique
Hitman, c’est bien plus qu’un simple jeu d’infiltration, c’est un véritable simulateur de meurtre systémique ! Ouais, rien que ça !
Ici, pas de progression linéaire ou de super-pouvoirs débiles. Ta meilleure arme, c’est ta connaissance du jeu : les mécaniques, les routines des PNJ, les objets à disposition… Chaque niveau est un puzzle géant, et à toi de trouver la solution la plus élégante (ou la plus barrée, c’est toi qui voit).
Et niveau variété, IOI a mis le paquet ! Des forteresses imprenables aux niveaux plus intimistes mais tout aussi riches en possibilités, chaque mission a son identité propre. Tu te verras infiltrer une soirée déguisée dans un manoir gothique, saboter un robot tueur dans un laboratoire futuriste, ou encore éliminer une cible lors d’un défilé de mode à Paris.
Et le top du top, c’est que le jeu ne se prend jamais au sérieux ! Attends-toi à des situations complètement loufoques, dignes des meilleurs James Bond. Déguiser l’Agent 47 en mascotte de poulet géant ? Check. Faire passer un accident de voiture pour un suicide ? Facile. Empoisonner un plat avec une substance toxique… trouvée dans les toilettes ? Aucun problème !
Et pour pousser le concept encore plus loin, IOI a eu la brillante idée d’intégrer le mode « Freelancer ». Imagine un mode roguelite où tu dois enchaîner les contrats, gérer ton équipement, ta planque… Un vrai défi pour les assassins en herbe, et l’apogée du gameplay systémique de Hitman.
IV. Le pari risqué d’IO Interactive : Faire confiance au joueur
Avec ce reboot, IO Interactive a pris un sacré pari : celui de faire confiance au joueur. Oublie les objectifs clignotants, les scripts trop envahissants et les QTE pourris. Ici, c’est toi le maître du jeu, et le jeu te le fait bien sentir.
La rejouabilité est au cœur de l’expérience Hitman. Une fois le niveau terminé, tu as envie de tout recommencer, de tester de nouvelles approches, de débloquer tous les défis, de gravir les classements… Le jeu t’encourage à « try hard », à devenir un véritable maître assassin, et c’est super gratifiant !
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Certains niveaux, comme celui de Colorado, ont été critiqués pour leur level design un peu trop fermé, à l’opposé de la liberté prônée par le jeu. Mais c’est aussi ça, l’identité d’Hitman : oser prendre des risques, quitte à diviser les joueurs.
Et force est de constater que ce pari risqué a payé ! Le reboot de Hitman a été un succès critique et commercial, redonnant à la franchise ses lettres de noblesse. Dans une industrie souvent critiquée pour son manque d’audace et ses jeux aseptisés, Hitman est arrivé comme un vent de fraîcheur, prouvant qu’il était encore possible de faire des jeux intelligents, exigeants et terriblement funs.
Conclusion
Au final, le reboot de Hitman, c’est l’histoire d’un pari risqué qui a payé. IO Interactive a su prendre des risques, renverser les codes, et nous offrir une vision moderne et audacieuse d’une franchise culte. En comprenant l’essence même de ce qui faisait le sel d’Hitman – la liberté d’approche, la créativité, la rejouabilité – et en la sublimant, le studio a prouvé qu’il était possible de faire du neuf avec du vieux, et de proposer une expérience à la fois exigeante et accessible.
Hitman est un exemple parfait de game design intelligent, qui redonne le pouvoir au joueur et le récompense pour sa curiosité, sa patience et son sens de l’improvisation. Un jeu qui nous rappelle que l’audace et la confiance sont des éléments essentiels dans le jeu vidéo, et que les développeurs ne devraient jamais avoir peur de sortir des sentiers battus pour nous proposer des expériences uniques et mémorables.